Une autobiographie de Noëtra
 
J'ai commencé à apprendre la guitare à l'âge de 13 ans (à l'aide d'un petit livre Marabout, "J'Apprends A Jouer De La Guitare" !). J'étais alors fasciné par les Beatles et en général par la pop anglaise de l'époque (habitant en Normandie, je pouvais recevoir Radio Caroline...). A 15 ans, je fondai mon premier groupe, un trio avec déjà Daniel Renault (qui a mon âge) à la batterie. Nous jouons principalement du blues anglais. Mes influences étaient alors Cream, John Mayall et Jimi Hendrix.
M'apercevant très vite des 'limites' de ce genre de musique, je découvris Pink Floyd, Frank Zappa etc., enfin, tout ce qui se faisait à l'époque : il était encore possible d'être au courant de tout, grâce à Rock & Folk, etc. En 1970, ce fut le grand choc de ces années, avec Soft Machine et l'album Third. Leur musique allait être déterminante dans la genèse de mon propre style.
Je me mis à composer à ce moment, et la même année je donnai mon premier concert, en trio toujours, qui consistait en un seul grand morceau de ma composition. En 1972, j'arrêtai mes études pour devenir musicien professionnel - un bien grand mot pour musicien de bal... Je continuai néanmoins à composer - pour un groupe hypothétique cette fois-ci... Les premières versions de "Printemps Noir" et de "Sens de l'Après-Midi" datent de cette époque.
Le jazz fit irruption dans ma vie avec le mélange jazz/rock version Miles Davis (Bitches Brew), John McLaughlin (Extrapolation), Weather Report (I Sing The Body Electric avec Ralph Towner), Gary Burton (Throb) etc. Découverte qui demeura une expérience d'auditeur, puisque j'étais alors incapable de jouer dans ce style. Je découvris aussi la musique contemporaine et Guillaume de Machaut lors d'un festival à Royan en 1973. Et j'écoutais toujours du rock, King Crimson notamment.
En 1974, je quittai St.Samson et m'installai à Poitiers pour raisons professionnelles (toujours le bal !). Je me sentais très isolé musicalement et j'en profitai pour poursuivre mes investigations sur la guitare et sur le papier. Cela donna les premières versions des "Agréments Parfaitement Bleus" et les "Périodes". L'année suivante, nouveau déménagement, pour Bordeaux cette fois : peu d'activités musicales, difficultés d'exister en tant que musicien... J'écrivis alors "A Prétendre S'En Détacher".
C'est en 1976, suite à un autre déménagement à Creyssensac (près de Périgueux, dans la campagne), que je sentis confusément qu'ici, au stade où en était l'élaboration de ma musique, le moment était venu de construire un groupe. Avec l'aide de Daniel Renault, mon complice de toujours qui me rejoignit, nous fîmes venir de Normandie Denis Lefranc (basse) et de Bretagne Christian Pab?uf (hautbois) qui acceptèrent de tenter l'aventure. Les débuts furent difficiles, mais dans notre "splendide isolement", nous commençâmes à mettre en forme les fondations de Noétra.
Les morceaux "Noétra" et "Qui Est-Il Qui Parle Ainsi ?" datent de cette période. Mes influences étaient alors Henry Cow (la saga de chaussettes !), Magma (Kohntarkosz), les premiers Oregon, Eberhard Weber (The Following Morning) et surtout Stravinsky (La Messe).
Rapidement, je ressentis l'envie d'enregistrer la musique que nous jouions pour la faire connaître aux producteurs de disques. Une première démo vit le jour pendant l'hiver 1978/79 avec l'aide de musiciens additionnels, assurant moi-même l'enregistrement avec un magnétophone Revox A-77. Les titres "Ephémère", "Agréments Parfaitement Bleus III", "Alpha Du Centaure", "Venise" et "Printemps Noir" furent retenus.
A l'occasion d'un concert de Magma dans la région, je rencontrai Klaus Blasquiz et lui remis une copie de la bande. Quelques mois plus tard, je reçus une lettre : "Vous êtes sur la bonne voie, mais trop d'imperfections techniques...".
Durant l'automne 1979, le groupe éprouva des difficultés existentielles (trop peu de concerts); je sentis qu'il fallait agir vite. Je décidai de coucher sur bande mes meilleurs morceaux avec une orchestration plus puissante. Ce fut la bande Neuf Songes, toujours réalisée avec mon Revox ("Mésopotamie" étant la seule composition non reprise sur le CD du même titre).
Je recontactai alors Klaus Blasquiz : réponse enthousiaste mais peu d'action. Un tout petit peu plus tard, en février 1980 (je venais de composer "Transparences" et "Tintamarre"), j'écrivis à ECM dont j'aimais la plupart des productions (Ralph Towner / Solstice, Jan Garbarek, Terje Rypdal...). A mon grand étonnement je reçus une réponse positive où l'on me demandait d'autres morceaux. Je réalisai à la hâte, en avril-mai 1980, plusieurs autres morceaux, dans le but d'une entrevue à Munich avec Manfred Eicher au siège d'ECM, pour discuter de la production d'un disque.
L'entrevue dura trois heures et fut très courtoise. Je fis écouter au staff d'ECM mes nouveaux morceaux. Ils n'y retrouvèrent pas la "magie" de ma bande précédente, mais "cela ne fait rien, nous enregistrerons Neuf Songes en novembre...". L'enregistrement n'eut jamais lieu. Une bande live qu'ils jugèrent décevante engloutit le projet...
Vinrent alors les années noires. En août 1981, je réussis quand même à faire enregistrer au groupe d'autres morceaux, avec l'espoir de recoller avec ECM, mais la machine était lourde et de moins en moins motivée... Nous décidâmes malgré tout de continuer en quintette avec Pierre Aubert (violon), recruté en 1979 pour la bande Neuf Songes. Le groupe retrouva une certaine vigueur car nous arrivions à tourner davantage. En mai 1982, une nouvelle bande studio fut enregistrée, avec notamment "Ephémère" et "Forfanterie", suivie l'année suivante par une bande live, qui marqua l'apogée du groupe sous cette forme, avec notamment un morceau de plus de 20 minutes ayant pour titre "Long Métrage".
Musicalement, je commençai une étude plus approfondie de la guitare et de l'harmonie car jusqu'alors j'avais passé beaucoup de temps à la composition et à l'instrumentation de mes morceaux, laissant tout le champ de l'improvisation aux autres instruments. En 1985, devant l'insuccès complet et l'incompréhension ambiante, Noétra s'arrêta. Christian et moi, malgré tout, continuâmes en formant le duo Contrejour (1986), enregistrant une maquette de huit morceaux restée inédite. Par contre, ce duo donna pas mal de concerts : la formule s'y prêtait...
Evidemment, nous ressentîmes assez vite le besoin d'étoffer la formule par des percussions. Un trio fut donc formé avec Mikko Fontaine, un musicien de jazz originaire de la Rochelle. En novembre 1988, le trio joua en première partie de Jack DeJohnette grâce à l'association "Musiques de Nuit" de Patrick Duval, à Bordeaux. Notre intégration dans le circuit jazz était maintenant patente (bien que je n'aie toujours aucune culture pré-davisienne - le bebop m'ennuie...). Nous enregistrâmes, en studio cette fois, plusieurs bandes en trio, puis en quatuor avec deux contrebassistes successifs. En 1992, toujours grâce à Patrick Duval, nous fîmes la première partie de John Surman et Miroslav Vitous.
Puis intervint l'épisode Muséa. Tout commença avec l'écoute, par un fan de rock progressif habitant Paris (Bertrand Dusenter), d'une cassette de la première bande de Noétra, prêtée par son prof de maths de l'époque qui n'était autre que... mon cousin ! Bertrand me téléphona et me mit en relation avec Muséa dont je n'avais jamais entendu parler. Merci à lui ! Grâce à des conversations téléphoniques répétées avec Bernard Gueffier, le projet d'édition de Noétra vit le jour, sous la forme du CD Noétra Neuf Songes, qui sortit en juin 1992.
En septembre 1992, toujours dans le souci de sauvegarder mes périodes de création, je décidai de commencer à travailler sur le concept du CD Hauts Plateaux. Une fois les morceaux prêts, les répétitions purent commencer avec Christian, Mikko et Jean-François Bercé, le nouveau contrebassiste. Quelques concerts et nous rentrâmes en studio en mars 1993, à La Rochelle. Le CD sortit chez Muséa Parallèle en juin 1993. Une tournée suivit, début 1994, mais elle s'avéra humainement compliquée, et je pris alors la décision de dissoudre le groupe.
Deux mois plus tard, en mai 1994, je pris contact avec Kent Carter, que j'avais vu jouer plusieurs fois dans ma région. Dès notre première séance de travail, l'idée du duo contrebasse/guitare s'imposa naturellement. Il y eut une tournée en Turquie en novembre 1994, puis une apparition dans le cadre du Parthenay Jazz Festival en 1995 et une tournée dans l'Est de la France en mars 1996. Un CD démo fut également enregistré durant cette période.
En juin 1997, nous fûmes engagés pour une tournée de six concerts au Portugal. Pour ce projet, le tourneur nous suggéra d'étoffer la formation avec un batteur. Sous l'impulsion de Kent, notre choix se porta sur Jeff Boudreaux, américain lui aussi, et disponible à ce moment-là. La fusion s'opéra si bien que le trio retourna au Portugal l'année d'après (1998). Le Jean Lapouge Trio est maintenant une formation régulière (autant que faire se peut dans ce milieu). Une seconde démo fut enregistrée, mais ce groupe n'a encore rien publié officiellement.
En février 2000, pris d'un accès de nostalgie, je branchai mon vieux Revox afin de réécouter les bandes de Noetra qui dormaient depuis 1992 dans ma bibliothèque. Choc ! L'écartement de certains morceaux pour l'agencement du CD Neuf Songes me parut arbitraire, et soumis à mes goûts du moment. Je réalisai donc un chaînage des morceaux inédits publiables, allant du printemps 1979 au printemps 1982, en essayant de garder une cohérence artistique.
C'est ce travail que Muséa a décidé de publier...
 
Jean Lapouge
 


À propos de la sortie de Définitivement Bleus...
 
Entretien avec Jean Lapouge par Aymeric Leroy (Big Bang n° 38 janvier 2001)
 

  Tu sors un second volume d'enregistrements d'archives de Noëtra. Comment le premier CD, sorti en 1992, avait-il été accueilli à l'époque? La décision de faire un second CD était-elle purement personnelle, ou stimulée aussi par l'enthousiasme des gens qui ont découvert Noëtra à cette occasion ?
 
  Le premier cd de Noëtra "Neuf songes"  sous sa forme  définitive sorti par Muséa en 92 et la réalisation du cd "Définitivement bleus" sont le  résultat de plusieurs facteurs que j'aimerais expliquer tout au long de cet interview, ou tout du moins raconter d'une manière plus profonde que dans la biographie éditée sur le livret du deuxième cd, qui est essentiellement événementielle. Mais pour répondre d'abord précisément à la première question  je dirai que dans le monde du rock progressif l'accueil de "Neuf Songes" a été très positif voire même élogieux à en croire certains articles de la presse spécialisée internationale. Ce qui est paradoxal, c'est  que j'ai appris du même coup l'existence du courant et du milieu du rock progressif tel qu'il est maintenant... A 18 ans, quand j'écoutais "Out bloody rageous", la tête serrée entre les deux baffles de ma  petite chaine stéréo Telefunken, je n'avais pas le sentiment d'écouter du rock progressif  mais plutôt une musique dégagée de tout ce que je connaissais et qui parlait aux extraterrestres... Après, quand il s'est agi de composer de la musique, je ne me suis jamais occupé trop de style, juste essayé à ma manière de retraduire les émotions indicibles que me procuraient l'écoute de certains morceaux. Le fait que, maintenant, on catalogue ma musique composée entre 72 et 82 comme rock progressif ne me dérange pas, mais pour moi, ne recouvre pas forcément tout ce que j'y entends... Mais cela n'a aucune importance. Par contre le fait que certaines personnes veuillent sous un vocable ou sous un autre défendre et faire aimer toutes les musiques non commercialisables à grande échelle, je trouve çà  extrêmement encourageant et précieux.
  L'ensemble du processus d'édition de la musique de Noetra a été rendu possible justement par ce réseau de passionnés. Quand j'ai décidé l'élaboration du second album je me doutais bien que sa commercialisation serait acceptée au regard du relatif succès du premier. Aussi ai-je passé plus de temps, avec le matériel qui me restait, à concevoir une oeuvre qui s'écoute plutôt qu'un sauvetage de compositions du néant.
 
  Tu précises dans le livret que ta sélection pour "Neuf Songes" avait été "arbitraire" et t'avait orienté, si l'on comprend bien, vers un (ou plusieurs) type(s) de morceaux à l'exclusion de certains autres. Peux-tu préciser ?
 
  Être son propre producteur n'est pas forcément dénué d'inconvénients. Il est très difficile d'être clairvoyant et objectif par rapport à son travail. Un musicien travaille tous les jours pour augmenter sa capacité d'expression, donc mathématiquement, il est un peu meilleur chaque jour qui passe. Pas en composition. Un morceau n'est pas forcément meilleur parce qu'il est le dernier composé ou qu'il est mieux enregistré ou parce que l'on joue particulièrement bien dedans !  Il est bon parce qu'il est bon. Point.
  Quand j'ai fait ma sélection de morceaux pour Neuf songes j'étais englué dans une dépréciation personnelle grave : je n'étais pas du tout satisfait de mon niveau d'improvisateur dans Contrejour, mon groupe du moment. Tout mon travail me paraissait figé. J'ai donc enlevé tout les morceaux ou apparaissait la guitare en soliste , gommant du même coup tout le côté très personnel de mes interventions au profit de l'orchestration elle même. Passait aussi à la trappe toute la première bande (1978, envoyée à Klaus Blasquiz). Restai la bande envoyée à Ecm (1979) et tout le travail  (presque...) qui suivit (1980). Aujourd'hui j'ai un regard plus distancié...plutôt de producteur de la musique de quelqu'un qui aurait fait Noëtra... Je peux écouter Alpha du Centaure sans avoir irrémédiablement envie de me jeter par la fenêtre dans la minute qui suit.
 
  On peut imaginer qu'un groupe qui n'a pas réussi de sortir d'albums pendant ses nombreuses années d'existence, c'est une forme d'échec qui doit laisser des traces. Ces publications tardives ont-elles pour effet de guérir certaines blessures ?
 
  Les premières années n'ont pas été dures du tout. Quand on en parle en famille, ou avec les musiciens ayant participé a l'aventure, c'est toujours avec un peu de nostalgie... Nous étions vraiment très décalés. Nous vivions avec très peu d'argent, mais aussi peu de besoins : un loyer dérisoire parce que maison sans confort à la campagne, une 2cv, pas de téléphone (quand il a fallu prendre rendez vous avec Ecm je suis allé à la poste du chef lieu de canton !). Nous voulions faire quelque chose en rapport avec nos rêves. D'une certaine manière, avec le recul, je crois que nous y sommes parvenus, sans le savoir sur le moment.
  Les choses se sont gâtées quand nous avons voulu démarcher et rentrer dans le business.   Daniel (Renault) et moi sommes allés en expédition à Paris rencontrer les Majors : nous nous sommes fait jeter !  Quelqu'un nous a quand même dit en écoutant la bande : cette musique est faite pour Ecm... Six mois plus tard j'osai  leur envoyer notre nouvelle bande. Le traumatisme Ecm. Le chaud, le froid. Je reste marqué. Ils n'y sont pour rien mais c'est très dur à vivre. Je me revois sur le quai de la gare à Munich attendant le train du retour avec deux disques Ecm sous le bras (cadeau), me remémorant chaque mot de ma longue conversation avec Steve Lake et Manfred Eicher. J'étais autre part... Ils signaient aussi au même moment l'Art Ensemble of Chicago... J'ai déjà raconté la chute... 11 ans plus tard, quand l'opportunité Muséa, s'est présentée je n'y ai pas cru tout de suite ; et puis cela ne m'intéressait pas vraiment : je vivais un autre projet avec d'autre musiciens, je courais après une certaine idée du jazz et de la modernité. Je crois que je n'ai pas su en profiter. Le contexte du deuxième album est complètement différent : même si je n'ai pas encore rencontré le succès escompté, j'ai la chance de jouer avec deux musiciens top niveau et suis en passe de régler mes problèmes avec la guitare. Je peux commencer à assumer mon passé de compositeur de rock ‘décalé’...
 
  Quel regard portes-tu sur le style de musique joué par Noëtra sur ces enregistrements ? Dans le concept des "musiques progressives" en général, vois-tu des aspects qui appartiennent irrémédiablement aux années 70 ? Par exemple, la quantité de travail que vous avez investie dans Noëtra à l'époque ne relève-t-elle pas en effet d'un idéalisme à contre-courant du cynisme actuel ?
 
  Cette question est très difficile : elle me demande un effort critique alors que je ne veux pas m'occuper de style ! Tentons quand même d'y répondre. D'abord ai-je un style, Noetra a-t-il un style ? Je me suis toujours efforcé depuis que je compose de faire en sorte que chaque morceau ai une vie propre, un fonctionnement différent, ce qui ajoute à la difficulté de la reconnaissance du style. En trois secondes on reconnait Mozart, Bach, Miles, Reich, Hendrix etc. Quel lien stylistique peut-on faire entre les Périodes et Venise ? Le style  c'est ce qui échappe au compositeur, en rajouter sciemment devient un tic. Peut être ma marque de fabrique serait une  idée que me fais de la beauté intrinsèque de certains accords qui engendrent une mélancolie ou un état proche du songe... je ne sais pas.  Dans la seconde partie de ta question tu fais allusion à la quantité de travail fournie par le groupe. On a pas idée !  Nous répétions trois jours par semaine , été comme hiver, dans la grange ou nous sommes pris en photo par mon frère et qui figure sur les deux CD. Cette grange se transformait épisodiquement en studio d'enregistrement pour la réalisation de nos bandes démo, c'est-à-dire, pratiquement, la totalité des enregistrements des deux disques !
 
  Les enregistrements de Noëtra mettent rarement en scène le quatuor de base seul, il y a quasiment tout le temps des musiciens supplémentaires. Etait-ce parfois le cas sur scène ? En quatuor, y avait-il alors le sentiment d'une "austérité" par rapport à la luxuriance des enregistrements ?
 
  Lors de la création du groupe, en 1977, nous nous sommes vite aperçu qu'il était difficile de restituer le résultat et l'atmosphère de mes  partitions à quatre : il y avait toujours quelque-chose d'essentiel qui manquait. Nous entendions bien les différentes parties car trois d'entre nous étaient poly instrumentistes (Christian : guitare, Daniel : violon et Denis jouait aussi de la basse à pistons) mais nous n’entendions jamais tout en même temps ! C'était très frustrant.
Nous nous sommes donc mis à la recherche du  cinquième élément. Nous avons essayé et tourné avec plusieurs flûtistes-saxophonistes mais leur intégration ne s'est jamais réalisée... Je ne me souviens pas avoir joué en concert à quatre. Plus tard, quand la musique s'est sophistiquée, nous avons été jusque huit sur scène... Tu dis luxuriance : luxe, certainement !
 
  Enfin, pourrais-tu expliciter la phrase suivante, à propos du choix de titres pour "Neuf Songes": "Passait aussi à la trappe toute la première bande (Blasquiz)"?? A cause de ses remarques à l'époque sur les "imperfections techniques" du groupe?
 
  En effet ! De la même façon la mise en avant de la bande Neuf songes révélait l'influence du goût de Manfred Eicher, qui appréciait particulièrement le morceau lui-même...